Dans un quartier des Batignolles qui s’embourgeoise plus vite qu’un influenceur à Dubaï, le Gare au Gorille ne dévie pas de sa ligne bistronomique claire, ourdie depuis 2014. Dans la cuisine ouverte, au fond de cette jolie salle tout en longueur, le chef Marc Cordonnier (ex-Passard, Ze Kitchen Galerie…) propose une bombe de formule midi aux assiettes délicates à fond dans la saison. Pas de fusion improbable, seulement des accords justes et précis pour un repas d’une grande douceur.
On se régale ainsi d’un limpide et frais carpaccio de lotte (rappelons qu’à l’origine, carpaccio ne signifie pas « fine tranche » mais vient de la couleur du bœuf coupé évoquant le rouge fétiche du peintre éponyme) sous un buisson de roquette, petits pois et fèves crus ; lieu noir juste saisi, artichauts, brocolis poêlés titillés par une aigrelette sauce au yaourt et oseille ; redoutable chou à la crème de fruit de la passion et mortelle glace à la cacahuète.
La carte des vins nature, chantournée par le sommelier Louis Langevin (ex-Septime) s’impose comme une des plus belles de l’arrondissement (à prix eux aussi embourgeoisés). Le soir, le Gorille cède à la mode des assiettes à partager où les plats du midi en petites portions côtoient des recettes plus voyageuses : moule marinière au satay, bonite, betterave et dashi…