Au bout de la rue Crespin du Gast, on a vu fleurir (à deux pas de chez nous) dans de larges bacs en briques rouges de la rhubarbe, des ciboules, des fraises, du thym et une multitude d'autres plantes. Pessimiste, on se disait que ça ne ferait pas long feu. Quelle ne fut pas notre surprise lorsqu'on se rendit compte que tous, du bédaveur de l'angle aux petites mémés taciturnes à caddies, respectaient ces jeunes pousses, et que même Gégé en marcel arrosait les petites plantes assoiffées le dimanche avant de ponctionner avec parcimonie deux trois brins de romarin.
A l'origine de ces plantations, Kristin Frederick qui a lâché son camion qui fume pour cette nouvelle adresse composée autour et à partir de produits bio. Elle ne cultive bien évidemment pas tout à l'angle de la rue mais avec ce potager urbain et ses tables installées sous les arbres, on se croirait presque, comme bien souvent à Ménilmontant, dans un petit village. Justement, Kristin nous accueille avec un large sourire (et son petit accent californien choubidou) et puis nous propose une rafraîchissante citronnade qu'on accepte sans rechigner vu les degrés (3 €). Pour grignoter, on commande des gyozas aux légumes (6 €) relevés à la sauce sichuan et au vinaigre noir qui nous envoient des vagues de chaleur sur le palais ainsi qu'un œuf mollet (5 €) fondant comme neige au soleil sur sa jolie purée d'aubergine. On en lècherait presque nos jolies assiettes en céramique. Suivent un boulgour à l'agneau, arrosé d'un jus mentholé et citronné sur une tombée de pommes de terre rôties (15 €), et un soba au sésame, kale miso, tataki de bœuf et tempura de légumes (14 €). Bim écart facial Maroc-Japon en moins de deux. C'est bon, équilibré, riche de saveurs... Dommage que les portions soient si petites, on reste un peu sur notre faim. On finit notre verre de vin nature tranquillement sur notre petite terrasse en regardant jouer les gamins du quartier. Y a pas à dire, même avec ce soleil de plomb, on l'aime quand même bien Paris.