On avait hâte de tester ce restaurant japonais dont tout le monde parle, sans tarir d’éloges, depuis maintenant quatre ans. On avait attendu, sagement, de réussir à les joindre par téléphone pour réserver deux places et une fois le rendez-vous fixé, on avait pris notre mal en patience en laissant s’expirer les trois semaines de délai obligatoire. Le soir venu, c’est donc le cœur heureux et l’estomac dans les talons que nous quittions prématurément notre bureau – les horaires des services, 19h et 21h30, sont inamovibles – pour aller goûter à cette cuisine dont on nous avait dit tellement de bien.
Alors, effectivement, les mets du chef Eiichi Edakuni sont originaux, bien exécutés et ses produits sont tous excellents. Anguille grillée et fois gras poêlé, algues soufflées au chalumeau, tempuras d’oignons, udon revisité, sashimis d'ormeaux, minuscules poissons frits, tiramisu au thé vert, truffe de salsifis… Le menu unique fait défiler une dizaine de petits plats, aux goûts délicats, parfois curieusement assortis, mais tout à fait maîtrisés – sauf peut-être pour les makis au thon rouge haché très (trop) menu. Le résultat est inventif et sophistiqué, même si on est pas tout à fait cloué sur sa chaise pour autant.
Côté décor, l'ambiance, soignée, fait son effet. La cuisine qui trône au milieu du bar où l’on vient s’installer permet de suivre en direct chacun des mouvements du maître et de son armée de seconds. On imagine alors, en prenant place, le spectacle qui va suivre : Eiichi Edakuni faisant valser ses couteaux, découpant dans les airs des morceaux de sashimis bluffant de finesse. Mais puisque tout le monde mange la même chose à la même heure, ce qui se passe derrière les fourneaux s’apparente plutôt à du travail à la chaîne. Intéressant un moment certes, mais pas non plus passionnant.
Bref, on ne peut s’empêcher d’être un tantinet déçu en sortant d’ici, sentiment que le prix du menu (45 euros) et des boissons n’apaisent pas.