Chassez le naturel, il revient au bistrot ! Telle pourrait être la devise de Thibault Sizun, ancien cuistot dégoûté des étoilés, passé en salle chez Eels et désormais heureux patron de ce bouclard racé des Batignolles, baptisé du prénom de son aïeule. Un bon vieux zinc, précieux conducteur de l’amitié, y côtoie des peintures sous cadre et des objets d’antiquaire sur ses deux élégants étages – dont une salle privatisable confidentielle avec service à la sonnette, idéale pour comploter la bouche pleine.
La cheffe Soda Thiam (vue à Gare au Gorille) fourbit une cuisine néo-bourgeoise bien ouvragée : subtil lapin à l’escabèche sous un chou pointu grillé et mayo à l’estragon (12 €) ; fin carpaccio de langue de veau et endives (12 €) ; réinterprétation de la soupe mythique de Bocuse dite “VGE” (du nom d’un président accordéoniste) où barbotent divers légumes dans un bouillon de bœuf brûlant sous un dôme de pâte feuilletée (28 €) ; avant, en dessert, une épatante tarte aux pommes rustique puissamment poivrée à partager à deux (20 €).
Pour les faims relatives, la formule entrée-plat-dessert est fort aimable (28 €) et côté soif, la carte des vins fait la fierté du patron (à raison) : blanc alsacien (9 € le verre), chardo d’arbois (42 € la bouteille), Ganevat collector (185 €) en plus d’un serieux arsenal de magnums.