Esseulés depuis qu’Esu Lee a fermé son CAM foutraque en 2020, les amateurs de cuisine asiatique un peu punk ont retrouvé le sourire. Après des résidences chez Mokoloco ou Stina, le jeune chef coréen a inauguré son très attendu restaurant le 7 janvier 2025. Jip (« maison » dans la langue de Squid Game) ressemble à une boîte à chaussures (ou à un wagon-restaurant) que les miroirs ont bien du mal à agrandir. Il y case, au rythme d’une BO jazzy un peu forte, huit places accoudées au comptoir, autant d’autres sur des tables au coude à coude, avec vue sur la longue cuisine ouverte où s'active Esu. La carte ultra-simple propose un menu unique en trois étapes 100 % coréennes et 50 % végétariennes.
L’entame monochrome rouge, avec le poisson en sashimi caché entre des feuilles de radicchio et une sauce gochujang à la prune fermentée, se montre bonne mais un peu sage. On retrouve la gourmandise décomplexée du chef avec le trio de raviolis de champignon et filaments de patate douce crousti couchés sur une moelleuse "béarnaise" tiède. Une grande petite assiette créative et finaude qu’on boulotte en un clin d’œil avant l’arrivée le bol de nouilles à la sauce tteokbokki. Le piment du bouillon souffle le nuage de crème de parmesan posé là et la subtilité du plat… dommage. En dessert et en supplément, un espiègle sorbet mandarine dans un bain de billes de tapioca calme le gentil feu capsaïcinal. Pour accompagner tout ça, on a le choix d’une petite d’une douzaine d’étiquettes nature entre 28 et 115 € (Binner, Sabre, Valette…). En conclusion, une adresse prometteuse mais encore timide. Attendons que le chef prenne ses marques avant de crier Jip Jip Hourra.