Malicieusement planquée par une devanture pas franchement show off, cette adresse prisée de la diaspora nippone se fond dans la masse des bouis-bouis de la populeuse rue de la Roquette. Elle se trahit toutefois par une ardoise écrite en français et japonais où est détaillé un menu “omakase”, ce menu dégustation en plusieurs temps qui, en japonais, signifie « surprenez-moi ! ».
Ce n’est pas que la salle soit tellement surprenante, avec ses 16 couverts, à tout casser, dans un décor qui tient plus de la cantine que de l’izakaya chiadé. Mais le menu du soir, soyons clairs, ce n'est pas du rainbow roll ! Tempura de crevettes légerissime, assortiment replet (chawanmushi, makis au daikon, tataki de bœuf, rouget mariné, edamame), suivis d’une doucereuse aubergine gratinée au miso de Kyoto, sashimi, filet de canette rôtie aux asperges blanches, œuf mollet et korokke, avant de finir par des sushis canons et un dorayaki moelleux et maison !
Ni luxueux ni sacralisé, simplement gourmand, cet omakase a de quoi faire rouler jusqu’au Père-Lachaise et voyager sans heurt dans la tradition kyotoïte. On l’arrose d’un umeshu pétillant, réjouissant apéro à l’alcool de prune. On peut aussi déguster du saké fameux, du shōchū à l’eau gazeuse ou une sélection de quilles de grand restaurant : rully, chablis et autre hautes-côtes-de-nuits.
Des tables voisines, un habitué souffle qu’ici, le chef japonais taille du poisson « à la verticale », en bon vétéran de gastronomiques made in Kyoto. Car chez Kawamoto, on vient chercher un peu de Japon – plutôt qu’un café pour deux-roues.