Moins connue que sa cousine indienne, la graille sri-lankaise montre ce qu’elle a dans le ventre chez Kolam (clin d'œil au théâtre de rue de là-bas). Dans un micro-local de la rue de Lancry, à la déco néo-kitsch – contrastant avec un site Internet pour le moins minimaliste – les cool kids Lahiru Weladawe et Médoune N’Diaye Doherty mijotent des recettes tradis, soufflées par le père de Lahiru, chef du cru. Si les quatre places au comptoir sont rapidement prises d’assaut, on se console en posant ses fesses au bord du canal Saint-Martin voisin.
Le spectacle de (bouffe de) rue commence par un mas paan, bun brioché fourré à la patate, prometteur mais trop timidement épicé, avant d’enchaîner sur l’emblématique hoppers : une goûteuse crêpe traditionnelle à base de farine de riz et lait de coco fermenté faisant office de bol comestible pour une myriade de garnitures colorées, à faire pâlir de jalousie l’éléphant Elmer. Parmi les garnitures : le fruit du jacquier, relevé et texturé à souhait, remplace avantageusement la viande. A boulotter en acte II, un copieux kottu, plat totem du sous-continent indien à base de parotta (galette semblable au naan) coupée en lamelles puis sautée avec des légumes et arrosée de kari. Le wattalapan, flan caresse au lait de coco, cajou et kithul jaggery (sucre brun, cousin éloigné de la rapadura brésilienne) complète à merveille le tableau voyageur. Côté liquide, sodas artisanaux bio de chez Leamo (ginger beer, limonade, maté) ou jus maison… Quand il y en a encore !