Bien tapie dans une ruelle adjacente à la rue Jean-Pierre Timbaud, elle attend, discrète. Sa devanture noire laisse à peine deviner ce qui s'y trame. On se rapproche, intrigué par une dizaine de bouteilles en vitrine aux étiquettes alléchantes. Sur la porte, une feuille blanche format A4 aguiche avec ses intitulés gourmands et son palmarès de fournisseurs qui n’a rien à envier à celui du Festival de Cannes : « Boulangerie : Utopie ; Epicerie et produits frais : Terroirs d’Avenirs ; Herbes et fleurs : Annie Berthin… »
Charmé dès la porte d'entrée, on s'assied sur une des chaises dépareillées : à notre gauche le bar en mosaïque bleue ambiance piscine, au fond une petite cuisine ouverte. Un tableau, une craie, deux entrées, deux plats, deux desserts. Ce midi, des moules miso, petite portion iodée et métallique vivifiante, une mœlleuse brandade de lieu jaune, un clafoutis sec et décevant par rapport à sa comparse, une crème brûlée bien croûtée à la marjolaine, le tout accompagné d'un verre de beaujolais (Moulin à vent, la Petite Oseille 2012), nature, fruité et bien balancé.
On quitte alors les lieux, pas malheureux de s’être laissé embarquer dans ce guet-apens-là.