Ni un bistrot, ni un restaurant : c’est un self. Un self coloré comme un wax de cérémonie (sol jaune, chaises écarlates, table céladon), avec plateaux, vitrine à desserts et orgue à plats chauds. Un self altruiste qui réchauffe les cœurs et les corps. Ouverte par Refugee Food, la Cantine des Arbustes, postée au rez-de-chaussée d’un foyer pour travailleurs exilés, aide des deux côtés du plateau. En cuisine, le lieu ouvre ses pianos à des réfugiés en réinsertion, épaulés par des bénévoles, et encadrés par Harouna Sow, le chef mauritanien dont on a bien aimé le restaurant Waalo. On mange, donc on aide.
Au menu, des classiques des tables d’Afrique de l’Ouest en version maison, de saison et largement végé (même si ça ne rentre pas trop dans les habitudes des chalands, qui optent souvent pour un supplément carné), comme ce mafflu mafé aux aubergines braisées, carottes et gombos dans une réconfortante sauce aux cacahuètes accompagnée d’un ramequin de riz créole. On trouve aussi des domodas, des boulettes de chinchard dans une sauce tomate acidulée au tamarin.
Important à savoir, aux Arbustes, les prix s’adaptent à la clientèle : les plus précaires ne payent pas, les chômeurs déboursent 4 € l’assiette et les personnes solvables – comme les journalistes – payent plein pot, soit 8 €. On fait couler avec un puissant jus de gingembre maison (2 €) et pour conclure en douceur, un dégué (2 €), un yaourt au mil et à la fleur d’oranger. On boulotte entouré d’encadrantes du foyer qui discutent, d’étudiants précaires qui viennent souffler… Un repas avec supplément d’humanité.