Dans leur quête de sens, certains marinent dix ans dans la finance avant de se lancer dans la restauration. Pas Anne-Charlotte Gandziri. A 26 ans, après un court passage dans le monde de la mode et un voyage humanitaire en Inde, elle s’associe avec l’architecte Sharmily Guyot pour lancer en 2021 la Corvée, un restaurant/café/laverie/galerie assez unique à Paris, installé au pied de la cité Charles-Hermite dans le 18e.
Le lieu porte beau dans le genre minimal : d’un côté, un alignement inox de machines (où les plus démunis peuvent laver leurs affaires gratuitement) et de l’autre, encadré de longues banquettes en bois jaune poussin, un comptoir en parpaing où les chef(fe)s en résidence envoient des assiettes 100 % végétariennes aux déjeuneurs (plutôt bobos que précaires).
Lors de notre visite, Mahir Atia (Café Singuliers) et Jimmy Reffet (passé par les Œillets) proposaient, dans une ambiance de cantoche, une umamiesque tartelette garnie de champignons crus, grains de maïs et éclats de noisette, mouillée d’un sabayon ou de fondantes carottes rôties sur un lit de labneh, réveillée par une harissa maison. En plat de résistance, la parmigiana d’aubergine et roquette, rassurante et replète, se montre nettement plus convaincante que le petit sandwich aubergine, poivron et feta.
On termine ce repas simple et efficace avec une convaincante tarte aux prunes. Comptez quand même 22€ la totale si vous n’êtes pas adhérent de l’asso. Enfin, guettez sur l’Insta de la Corvée les expos installées dans le sous-sol car, oui, l’accession à la culture dans les quartiers défavorisés est aussi un combat à mener.