La Maison de l'Aubrac

Si Aubrac évoque pour vous le souvenir d’une résistante fameuse, c’est aussi le nom d’une région du Massif central et d’une race bovine qui, croisée avec la charolaise, donne une viande de qualité. On s’en doute, la Maison de l’Aubrac n’est donc pas un restaurant dédié aux fruits de mer. Sorte de Chez Papa amélioré, on y retrouve l’atmosphère des grandes tablées où le client vient boire et manger en grande quantité dans une ambiance à la fois chic et bon enfant. La proximité des Champs-Elysées donne un sérieux coup de bambou aux clients, puisque les prix reflètent davantage cette situation géographique que la qualité du menu, surtout en ce qui concerne le vin et les alcools, dans la mesure où les plats s’en tirent plutôt bien. Sur place, les serveurs en livrée qui s’enquièrent de vos moindres désirs cachent mal la trivialité du décor. A même la nappe, les sets de table en papier frisent le mauvais goût, tandis que sur les murs on joue la carte régionaliste à fond, histoire d’appâter le touriste. Dans l’assiette, il faut le reconnaître, la viande sous toutes ses formes prouve les vertus de sa tendresse, même si, d’après les habitués du lieu, il semblerait qu’elle ait perdu un peu de sa saveur depuis quelques années.

Ceux qui n’aiment pas le faux-filet, l’entrecôte, le pavé de rumsteck, le tartare ou la bavette, peuvent toujours se rabattre sur des plats de saison comme le filet de dorade, le magret de canard dans son jus aux figues ou la saucisse de l’Aveyron et son aligot. Le résultat manque un chouia d’authenticité mais reste à un prix raisonnable, saisonnalité oblige. Concernant les vins, c’est la Vallée du Rhône qui est la mieux représentée, avec notamment son Châteauneuf du Pape 1998 ou son Hermitage 1999 signé Marc Sorrel. Au final, la grande originalité de la Maison de l’Aubrac sise rue Marbeuf (ils l'ont fait exprès, rassurez-moi ?) repose sur une chose, dont nous n’avons pas parlé : le restaurant est ouvert 24h sur 24, et 7 jours sur 7. On préférera donc s’y arrêter poussé par une fringale noctambule, en sortant d’une soirée chez un ami riche, ou après un enterrement de vie de garçon dans une boîte à striptease des Champs-Elysées.