La cuisine de la Botte a tellement la cote que pour lancer une trattoria en 2022, il faut avoir la foi aveugle d’un revendeur de clignotants à Marseille. C’est pourtant exactement ce qu’a fait Vincent Fournier, qui a investi le Gibert de la place Saint-Michel, soit l’adresse la plus anti-hype de Paris, pour ouvrir cette doublette Tony’s / La Ultima. Le principe est fastoche : Tony’s, étroite guitoune décorée comme à Little Italy (portrait de Robert De Niro, vieilles pubs ritales), envoie des pizzas et, le soir, la porte du fond s’ouvre pour permettre de dîner à Ultima, la table plus « chic ».
Banquette ronde en zèbre, chaises panthères, fontaine cascade qui accueille le visiteur… Le chef décorateur de Scorsese serait fier, on retrouve ici tout le kitsch clinquant des arrière-salles de rades mafieux de Las Vegas. On ne voudrait pas de ça chez nous mais ça rentre bien dans le thème. Le chef sicilien connaît ses classiques : duo d’arancinetti gros comme un poing d’enfant, lapés par une sauce à la truffe (12 €) ; risotto cremoso garni de fèves et d’asperges (bien qu’on soit en août) à 26 € ; gnocchi moelleux et gambas poêlées gambadant dans un pesto de pistache (28 €) ; honnête tiramisu (12 €)…
La carte des vins n’est pas très funky et n’a que des propositions qu’on veut refuser, on fait donc couler ça avec un Negroni fumé. Au final, une cuisine sérieuse et appliquée, un service efficace et pro dans une adresse qu’on ne va pas vous jalouser sur Insta. Mais, parfois, ça fait du bien (et puis dans le quartier, vous n’avez pas tellement le choix !).