Pour qui ? Les gourmets qui mangent halal
Le plat culte ? Le « je-m’en-foutiste »
On ne brise aucun tabou en disant qu’il y a autant de bons burgers halals à Paris que de milkshake-bars dans le désert du Sahara. On exagère à peine mais l’offre de ce type de sandwich est loin d’être pantagruélique et se limite en grande partie à la trinité salade-tomate-oignons.
Bien heureusement, Jacques, fils d’immigrés algériens, et franchement chaleureux avec son sourire Colgate, a importé son burger artisanal sur la rive gauche, à deux pas de la Grande Mosquée. Chez l’ABC (acronyme pour l’Atelier du burger et du croque-monsieur), tous les produits sont frais et issus du quartier : la viande provient de la boucherie Larrey, un peu plus haut, les pains - nature, au sésame, au pavot, aux oignons ou au cheddar - de la boulangerie du coin et les frites sont faites maison.
Je m’y rends avec un ami muslim, habitué à la junk food des kebabs ou aux steaks mozza de chez Blend, pour commander un Je-m’en-foutiste (sauce curry-mangue, tomate, oignons, roquette, tomme de Savoie, tranches de poulet grillé) et un Cultivé (sauce ketchup-mayo, oignons, cornichons, iceberg, fourme d’Ambert, bœuf grillé) à 8,50 € qu’on partage à deux, tout ça accompagné d’un croque-monsieur (5,50 €). Verdict ? Si ce dernier est franchement fade, les burgers obligent mon pote à faire parler ses papilles sans avoir à trop puiser dans le dictionnaire : « Ah la vache, mais c’est trop bon ! »
Comme si ce n’était pas suffisant, Jacques se veut un brin politique avec le message « coexistence » à l’entrée, orné de signes des trois religions monothéistes. Mieux encore : il a réussi à rassembler une jolie clientèle black-blanc-beur principalement venue de la fac de Jussieu. On est à des kilomètres des clichés communautaristes. Marine Le Pen devrait venir y manger un bout, elle en deviendrait bleu marine.
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