Chronique après chronique, il devient facile de s’embourber dans les mêmes textes pour dépeindre un resto. Et encore plus facile d’être blasé quand le lieu rejoue pour la énième fois les mêmes gimmicks à la mode (pitié, on n’en peut plus du combo murs grattés / lampions). Alors forcément, quand on découvre une nouvelle table planquée (mais alors vraiment planquée) au fond d’un jardin du 11e avec son propre potager, ça fait du bien, à vous comme à nous.
Ici, on parle donc de Laïa, une adresse 100 % méditerranéenne carénée par Pierre Doublet et Quentin Garreau de Labarre, qui ont colonisé cette ancienne distillerie pour faire pousser une magnifique bulle verdoyante. Un espace végétal, floral et spacieux mêlant tomettes d’Algarve, bar ouvert et azulejos où les deux zigues te servent un barbecue élaboré dans l’assiette. Et ça, c’est franchement enthousiasmant.
Mettons directement les pieds dans les plats : lors de notre visite, on s’est régalés avec un chorizo de thon rouge épicé (10 €), des espetadas de poulet paprika et citronnelle (9 €) et un carpaccio de bœuf au piment rouge pour lubrifier le passage (12 €). La suite ? Pas de perte de rythme, bien au contraire, avec ce poulpe à la braise, brocolis grillés avec crème de brocolis/anchois (22 €) ou ces spaghettis alla chitarra salicorne, ail fumé et palourdes (12 €)… Il devient alors difficile de retenir la boîte à louanges même si, dans ce marasme de délices, la carte des cocktails, avec ses Spritz revisités en long et en large, finit par frustrer.
Mais les bougres corrigent le tir avec des rosés nature catalans chargés d’ensoleiller l’ensemble. Après un tel nectar de bonnes choses, comme sur une affiche de ciné, on a déjà envie de s’en remettre aux tics journalistiques : « Incroyable », « renversant », « un pur chef-d’œuvre ». Après tout, Laïa mérite bien son lot de superlatifs.