Guillaume Bouvelot est un rocker de l’ancienne école, du genre au cœur tendre. Avec ses favoris, son accent de Parigot et ses bagouses, on devine rapidement qu’il n’écoute pas Francis Cabrel ou Rihanna. Son truc à lui, c’est plutôt Iggy Pop, Elvis, Rory Gallagher, Black Sabbath, Lynyrd Skynyrd… des groupes qu’il diffuse à longueur de journée dans son restaurant ouvert fin 2013, l’ApéRock. Après sept années passées dans la restauration classique à Levallois, Guillaume migre dans un beau quartier de Paris, à Ternes dans le 17e arrondissement, un endroit charmant mais qui « manquait de lieux rock’n’roll », comme il nous l’avoue. Alors il se lance dans l’aventure et ouvre son resto rock dans l’étroite rue Bayen, bousculant les habitudes un brin bourgeoises du coin. « Pour la fête de la musique, on a invité un groupe de punk incroyable, ils ont joué dans la rue et les gens ont halluciné. »
Même si l’ApéRock a des allures un peu convenues de pub américain, avec ses fauteuils club et son mobilier industriel, la vocation du lieu repose avant tout sur la volonté de créer du lien. Les vinyles de rock disposés au fond invitent par exemple le client à en choisir un pour le passer sur la platine, tandis que la grande table d’hôte en bois permet aux groupes de se mélanger. « On veut qu’il se passe toujours quelque chose ici, confirme Guillaume. Le soir, je me balade souvent entre les gens et j’essaye d’établir un contact entre eux, je pose des questions, j’encourage. » Pour animer son restaurant bar, le patron ne manque jamais d’idées farfelues, si bien que c’est parfois son fils et associé, Benjamin, qui doit réfréner ses ardeurs. Le jeune homme a les pieds sur terre, mais il soutient aussi les bonnes initiatives de son père, comme les mardis soirs Girly où les filles bénéficient d’un happy hour supplémentaire, ou bien les mercredis dédiés à de la musique live, souvent du blues ou du rock’n’roll acoustique.
Imposer un lieu rock dans un tel quartier, est-ce que ça marche ? « On tâtonne, raconte Guillaume, on veut vraiment développer le live, créer une ambiance conviviale, autour du rock. Ce n’est pas toujours évident parce qu’on voit bien que c’est la crise, les gens dépensent moins, mais pour une première année on est très contents. » Mais l’amour du rock n’est pas l’unique raison de se déplacer dans l’Ouest parisien. On mange rudement bien du côté de l’ApéRock, que ce soit le rumsteak façon tournedos, très tendre (il faut dire que la viande vient des fameuses Boucheries Nivernaises), ou bien le steak de thon et tous les burgers, sans oublier les frites succulentes. Les prix sont raisonnables – comptez 13 € pour un burger classique – sauf peut-être du côté des desserts, comme d’habitude. Mais vous résisterez difficilement à l’appel du Sepultura (un riz au lait à la vanille à 8 €) ou du Withe Metal (une mousse fraîche de fruits à 8 €), si ce n’est aux classiques cheesecake (8 €) et croustillant au chocolat (9 €). Pour une fois, à l’Ouest il y a du nouveau.