Cette devanture gazon cache un petit bistrot où la cuisine va voir plein sud si l’herbe n’est pas plus verte. A la lecture du menu, installé au coude-à-coude avec ses voisins dans la petite salle (grands miroirs, bois exotique et briques blanchies), on sent bien les deux garnements vingtenaires, Yann Botbol et Nathan Sebagh, qui s’activent dans l’étroite cuisine ouverte, ont envie de s’amuser entre Tunis, Tel-Aviv et Paris. Comme avec ces langoustines à peine roussies à glisser dans une feuille de sucrine puis à compléter façon dinette de sel fumé, mayo à l’amba (condiment à la mangue) et citron. Fondant et ludique !
L’exploration continue avec un vol-au-vent au tajine de veau (une « bouchée à la malaka » ?). Si l’idée, rigolote mais un peu gadget, n’apporte finalement pas grand-chose, le plat avec ses touches de piment et de citron confit se boulotte sans crier gare. La courte carte des vins et ses classiques du nature permet de s’hydrater loin des sulfites : chenin de Catherine et Pierre Breton, savigny de Fanny Sabre… En dessert, un émotionnant chou à la crème vanille pécan, léger comme un moment avec l’être aimé, conclut brillamment ce repas néo-bistrotier impertinent et attachant. L’Arpaon peut être fier !