Perché sur la colline de Belleville depuis 1987, le Baratin est le bistrot préféré des chefs : Pierre Hermé, Iñaki Aizpitarte, Bertrand Grébaut… A l’origine de cet exploit, un binôme complémentaire à la Bonnie & Clyde. A la cave, l’un des pionniers du vin naturel, le patron Philippe Pinoteau aka Pinuche, qui dresse une carte pleine de caractère, à son image. Aux casseroles, Raquel Carena, légende de la popote bistrotière qui régale chaque jour, abats en tête, les habitués avec une cuisine d’une sincérité aussi déroutante que réconfortante.
Ce midi-là, lors de notre dernier passage, on a explosé le dernier bouton du pantalon : moules sautées aux poireaux (11 €), sardines crues marinées à la coriandre (11 €), fondante langue de veau et sauce aux herbes (11 €)… Avant, pour le plat, une pomme de cœur de ris de veau (34 €) parfaitement dorée et réveillée par une sauce au citron ou, pour les frileux, une sublime épaule d’agneau de lait rôtie (24 €). En dessert, retour en enfance avec l’intense fondant au chocolat (8 €) et la douceur du moelleux aux poires (8 €), divin.
Un repas réussi jusqu’à l’entrée en scène du patron, qui fait virer le gueuleton au mélodrame. Au moment de commander le dessert, coup de théâtre : on nous demande manu militari de libérer la table car nous avons été “trop lents pour manger”. Un peu sonnés, on avance que le plat a surtout mis 35 minutes à arriver… Et là, c’est le coup de grâce : “Non vous n’avez pas arrêté d’aller fumer des clopes.” (Une seule en réalité, et après le plat.) On finit par manger le dessert à une autre table, habitués aux coups de semonce d’un personnel brut de décoffrage. Pour rester poli…