Oh la belle trogne de troquet à l’ancienne avec son comptoir en Formica, son néon canari au plafond et ses affiches vintage de sécurité au travail. Il ne manque qu’un flipper qui tintinnabule et un présentoir à œufs durs pour se croire dans la filmo de Claude Sautet. Bon, après enquête, déception : c’est du faux vieux. Tout a été installé en 2020 sous les auspices de Nicolas Arreteau. Cet habitué des bistrots dans leur jus (il a des parts dans le Cyrano et le Café Noir) a eu la bonne idée d’ouvrir dès 8h pour un café en terrasse (sur la rue Saint-Denis piétonne) accompagné d’un madeleine maison ou d’une assiette d’œufs brouillés.
Le midi, le chef Thomas Bertier, caché dans la cuisine du premier, envoie des assiettes canons à prix tout gentils : un galet de cèleri-rave pané, agréablement titillé par une sauce yaourt et piment (6 €), suivi d’un tronçon d’épaule de veau rosé, posé sur une poêlée de choux de Bruxelles, champignons et panais. C’est copieux, bon et de saison. Qui dit mieux pour 16 € ? On termine avec une très honnête et fondante tarte au chocolat où des pistaches caramélisées se chargent du croquant.
Le soir, les bandes de trentenaires qui jouent l’apéro à rallonge peuvent taper dans les tapas (attention, pas le lundi soir) : rillettes de cochon, œuf mimosa, patatas bravas ou, comme une évidence, huîtres de Blainville. On y boit demis brassés à Saint-Denis ou vins vivants à tarifs populaires (cheverny d’Hervé Villemade ; gaillac du domaine du Brin…) Pas de réponse de Normand ici : oui, le Blainville est un chouette endroit !