Cadoret ? Nom de famille dérivé de « kaduuoret » en breton, soit « protège au combat ». Mais aussi anagramme de « cadoter » : offrir un cadeau. Peut-être pas un hasard, tant ce restaurant du Haut-Belleville, portée avec talent par la fratrie Fleuriot – Léa au piano, Louis-Marie aux goulots – nous régale passage après passage depuis maintenant une demi-décennie !
Car voilà LE rétro-bistrot où enclencher la journée avec un kawa-croissant des aurores (1,30 €, bravo !) ; où déjeuner d'un merlu de ligne pané sauce tartare façon Belleville-en-mer ; tâter le zinc à l’apéro avec un croissant jambon-fromage et une mousse Liquid Love ; s’encanailler cinq soirs par semaine avec des plats d’antan parfois twistés avec une herbe, un condiment, un peu de piment ou baignant dans leur simple appareil. Tout ça dans une délicieuse salle de café parigot, habillée d’un sol en mosaïques, de banquettes moleskine, d’un plafond moulé de miroirs piqués et agrémentée d'un indispensable prolongement sur le bitume.
L’autre soir, on s’est amouraché d’un os à moelle massif dopé au jus de viande et à l’huile pimentée (12 €), avant un pot-au-feu de paleron de bœuf (23 €) à la cuisson miraculeuse, servi avec carottes et navets croquants, le tout accompagné d’hoisin (une sauce à base de pâte de soja fermentée) – à moins de demander, comme nous, une bonne vieille moutarde qui pique. Et en dessert, un tout aussi réjouissant savarin flanqué d’une louche de crème diplomate à la verveine tout en légèreté (9 €).
Pour se goudronner le vestibule, du cidre d’auteur (Cuvée acidulée du domaine du Tertre, 24 € les 75 cl), quelques cocktails (Gin Sour à base de Boxer Gin, de sirop maison et de jus de citron, 10 €), du vermouth de Partida Creus (7 € les 8 cl), trois sakés (dokan daïginjo à 12 € le verre) et une flopée de vins naturels castés avec soin (Dominique Derain, domaine Gramenon, François Saint Lô…) Le Cadoret ? À jamais le cador adoré du quartier.