Chez Time Out, on vous parle souvent de cette nostalgie contemporaine qui se ramasse à la fourchette dans les restos parisiens. Comme si la bistronomie avait mué en rétronomie, au point qu’on en a fait une catégorie de nos derniers Food & Drink Awards… Et rebelote ! Car après le bouillon ou la brasserie tradi, c’est au tour du buffet de revenir à la vie sous la houlette des frères Dumant, spécialistes des adresses à mastiquer dans le temps : les Marches (16e), Aux Bons Crus (11e), Aux Crus de Bourgogne (2e)… Jouxtant cette dernière, ils viennent d’ouvrir un joli bout de comptoir vintage à miroirs peints de cartes de vignobles qui nous transporte en pleines Trente Glorieuses aussi vite qu’un film de Claude Sautet.
Au menu ? Des hors-d’œuvre bien emmanchés, modestement tarifés, servis fissa et avalés sans détour. Ça commence par un indéboulonnable hareng-pommes à l’huile (10 €), ça continue avec une grassouillette tartine de pied de cochon au raifort sur pain toasté très satisfaisante (8 €) puis une bonne tranche de saucisson lyonnais brioché et sa fidèle sauce beaujolaise (8 €). Mais ce Chardo fait aussi dans le poireau-vinaigrette (8 €), le rosbif-mayo (12 €) et même la sous-préfectorale quenelle-sauce Nantua (16 €). Le tout poussé avec tenue : bière Maes (4 € le demi), cidre brut (6 € les 33cl) et vins modernes comme ce blanc de montlouis du domaine Jousset (45 € la bouteille).
Après le nougat glacé plus old school qu’une rediff d’Arabesque (8 €), on a failli s’allumer une Gauloise sans filtre, payer en francs et repartir pied au plancher en Peugeot 404 mais on n’est plus en 1961…