Le collier de la reine n’est pas un morceau de bœuf d’exception mais un bijou à l’origine du scandale qui éclaboussa Marie-Antoinette en 1785. Quel rapport avec ce resto ? Les De La Motte, couple d’escrocs qui ourdirent leur arnaque au collier à ce numéro de la rue Charlot. Une autre analogie joaillière : ce local étroit et longiligne ressemble à un sautoir de salles enchaînées où les ambiances se succèdent en rang de perles : un comptoir à cocktail en inox ; puis une zone de banquettes en alcôve façon pub de Londres ; plus loin, une pièce style estaminet de poche parisien ; au bout, un écailler, et au sous-sol, un barav en caveau nickel pour les vampires assoiffés de vin naturel – les autres peuvent acheter les quilles à emporter.
Aux manettes ? La team de Savoir Vivre, qui régente déjà Vivant 2, Déviant et l’Hôtel Bourbon et ajoute ce joyau à sa couronne en dégainant fruits de mer, cocktails et assiettes de brasserie bien dépolies par le cuistot Léo Dauvergne (un ancien de Déviant). Ce midi-là, on succionne un plateau “Prince” pour deux, rupin et de bonne extraction mais un peu anesthésié par la glace (42 €). En appoint, on s’envoie une tranche de brioche grillée aux allures de blason de brasserie, enchâssée de médaillons d’os à moelle et d’épinard sur fond de beurre rouge (13 €). Puis, en plat du jour gymnaste, on fait des squats avec une gracile cuisse de canard grillée sur un tapis de poireaux aigre-doux mouillé de jus au poivre vert (15 €) – goûteux, soigné. Pour le dessert, on se met à l’heure des pros, comme profiteroles : une petite bouée sucrée arrive garnie de glace au sarrasin (un rien granuleuse) avant de disparaître, tel le collier de la reine, sous le velours brun d’un chocolat chaud (7 €).
Parmi les nombreux pifs précieux, on écluse des verres de blanc serbe vinifié par des Bourguignons (8 € le verre) mais on vient aussi pour les cocktails épiciers de Nicolas Lasjuilliarias, à l’image de ce N’duja à la saucisse piquante calabraise, tequila, citron vert (12 €) ou de ce Calvakombu au calvados, verjus, miel, kombucha (12 €). Un néo-pub multiface qui fait déjà bonne figure.