“Iñaki Aizpitarte, c’est le Iggy Pop de la bistronomie !” Avec cette analogie rockeuse, un autre célèbre chef parisien porte aux nues le taulier du resto le Chateaubriand, ouvert en 2007. Autodidacte sans CV étoilé, ce Jedi basque dépourvu de Maître Yoda a marqué l’époque de sa cuisine iconoclaste et fulgurante. Au point d’élever la néo-popote de troquet au rang de haute-bistronomie. Et de se faire creuser en 2011 un bar à vins de l’espace dans un bloc de marbre par l’architecte superstar Rem Koolhaas : le Dauphin, qui sert désormais la formule magique du moment au dej !
Abracadabrasserie ! Contre 20 € (deux entrées, un plat), ça enfile les perles de brasserie avec une allégresse insolente. En entrée, on broute une merveille de salade de coriandre électrifiée d’une vinaigrette survoltée mêlée de cacahuètes et d’éclats de guindillas – Iggy Pop on vous dit ! Avec, en support bulogistique, un pot de mayo à écoper d’escargots de mer, marque de fabrique de la maison. Avant de faire place aux moules marinières que l’on pince une à une à l’aide d’une coquille vide, comme une kiffante séance de SM sur tétons – prolongée de frites pépites, en double bain de graisse de bœuf. On finit de boire le bouillon au fond de l’assiette et on se dit qu’on a du bol d’habiter dans la ville du monde où l’on mange le mieux contre un billet bleu…
En dessert, on a vu passer des choux à la crème vanille et marron. Et hors formule, on peut aussi s’éclater une entrecôte de 300 grammes ou une sole meunière de petit bateau. Avec un ballon de vin malin dégoté par l’alerte Périne Thibert, comme ce gamay croquant et inédit du domaine de Trivel – parmi une carte profonde comme une séance d’apnée avec Flipper le dauphin.