Pour qui ? Les addicts du Paris popu-coolosse
Plat culte ? Argh, ce pigeon sauvage… A choper quand il vole à l'ardoise !
Un bête de bistrot à terrasse, dans une rue qui monte tout schuss puis descend aussi sec, comme souvent à Ménilmontant. Le boss, Jean-Baptiste Jay, après quatre ans de loyaux services, s'est un brin retiré des bagnoles, laissant le volant entre les pattes de deux habiles : Antoine Houdré, affable doué en tire-bouchon (ex-Esquisse et Il Brigante) et Jack Bosco Baker au piano (Le Grand Bain, Mary Céleste), plutôt disert à trancher dans le net et le vif.
Tout se joue ici en une valse à trois temps. Au déj' en semaine, menu low cost (16 € et 19 €) alternant par exemple puissant terre/mer de couteaux, pied de cochon et cresson, divine joue de bœuf aux cocos de Paimpol, et gourmande banoffee pie au caramel. Le samedi midi, c’est à l’ardoise qu'on pioche : grosses pièces à partager, carrelet, poulet fermier… Et le soir ? Tapas à gogo, de 5 à 14 € !
C’est au dîner qu’on choisit justement d’enchaîner les petites assiettes. Démarrage peinard avec des poivrons doux en chaud/froid, mayo musclée mais moules timides (de petit calibre). S'ensuit une seiche diaphane, snackée avec délicatesse, effleurée d'un voile de lard calabrais. Montée en puissance avec un foie de lotte à la texture fondante, surligné de pickles de girolle à la saveur heureusement sous-bois. Puis survient l'orgasme : ce pigeon sauvage demandé saignant, sublissime de puissance, symphonisé de jus de cuisson, de cocos de Paimpol et maïs ! Du coup, en dessert, le chou, un peu mou du genou, à la crème et aux fraises, paraît plus banal.
Antoine, en salle, fait feu d'une pédagogie exemplaire. Plus encore pour le pif : jacquère savoyarde fusante des vins de L'Envie, jubilatoire gamay en coteaux bourguignons du domaine d'Edouard (vins au verre de 5 à 7 €), rare romorantin de Loire du punk Brendan Tracey (38 € la quille) et gamay Glou ardéchois de la Ferme des 7 Lunes (32 €). C’est bon et ça n’attige pas sur les prix : bravo !