« Café », un néon blanc scintille à travers la vitrine et révèle le secret de cette nouvelle adresse parisienne. Le Pigalle (à ne pas confondre avec Maison Pigalle de l’autre côté du boulevard Clichy) propose ses larges canapés pour un verre ou un dîner et ses chambres pour une nuit, ou plusieurs. Hôtel de quartier et restaurant soigné donc, le nouveau-né de la rue Frochot se fond dans le décor. On y est accueilli comme un voisin ou un bon pote par une horde de serveurs en baskets tous plus sympas les uns que les autres. Ensemble, on fait le tour du resto, de l’espace pole dance en velours au comptoir en marbre en passant par la large table d’entrée « où l’on peut venir avec son laptop et se poser là, toute la journée ».
Des vases, des bouquins, des vinyles et une poignée de casques audio épinglés au mur pour écouter de la musique dans son coin : entre l’accueil décontracté et le décor d’appartement un brin vintage, on peut dire que tout est fait pour que l’on se sente au Pigalle comme à la maison. Une maison un peu classe, au mobilier chiné avec soin par Alexandre Guillemain et dans laquelle on ne verra jamais de chaussettes traîner. Déplié - comme chez Balzac - sur différents étages, avec en hauteur un hôtel composé de six chambres (toutes différentes) et d'un « groundfloor », le Pigalle ne laisse aucun détail de déco au hasard. Il suffit de descendre au fumoir pour constater l’effort scénographique : jukebox rutilant et canapé rouge en forme de bouche accueillent les envies pressantes. A la surface, pendant que des enfants aux cheveux longs courent d’un côté à l’autre, on s’installe dans l'un des gros sofas, le temps de loucher sur la carte des cocktails et celle du « dîner ».
Dans les assiettes comme sur les murs, tout est estampillé Pigalle. Ambiance hyper locale garantie, avec à la carte du pain signé Thierry Breton (rue Belzunce) et des tartes pêchées rue des Martyrs chez Sébastien Gaudard. Ouvert au public depuis le 20 novembre, le Pigalle s’est érigé autour de collaborations. Une équipe hétéroclite à l’image du quartier et qui réunit la gastronome Camille Fourmont, le musicologue Victor Kiswell ou encore l’as des cocktails Michael Mas. Ne vous étonnez donc pas si votre breuvage est délicieux et qu’il porte un petit nom… indécent. Va pour le « Fonds de Culotte », une sorte de kir ultra rafraîchissant élaboré à partir de crème de cassis, Salers, vin blanc et Perrier pour faire pétiller le tout. Comptez entre 11 et 14 € le cocktail, servi généreusement en quantité et en alcool.
La carte du dîner façon tapas est, quant à elle, tout aussi attirante : Saint-Jacques fumées et cédrat, magret de canard séché et beurre à la framboise, panna cotta à la verveine... On craque pour la burrata, fondante et démoniaque, ici parsemée de citron confit et de fleurs de thym et arrosée d’une huile d’olive parfumée (18 €). Et puisque la nuit ne fait que commencer, on couronne le tout d’un café noir bien serré signé Télescope… à 1 €. Oui oui, ici c’est bien Pigalle !