Snif, Le Desnoyez n'est plus ! Mais remballez vos mouchoirs. Depuis le 1er juin dernier, Le Pinceau, digne successeur, en a dans la palette. Dans la même petite salle aux murs décrépis et sol ciré-bétonné, Bob Dylan en fond sonore, ils ont casé 24 couverts. Ils ? Pierre et Raphaël aux fourneaux, et Gabrielle, qui accueille et conseille les vins. Bonne élève, elle prend le temps de pointer le tableau à craie, et de dicter la première leçon du jour : en entrée ce soir-là, des betteraves noires d’Égypte, habilement mariées à un chèvre des Deux-Sèvres et pimpées à grand renfort de noisettes du Piémont et d'huile de géranium. Ou bien un mulet mariné, flanqué de choux de Bruxelles frits et relevé au piment aigre-doux habanero .
On ne perd pas une miette du mini-exposé déroulé aux camarades d’à-côté : "Pour nos fruits et légumes, on travaille avec Un Cheval Un Champ, qui fonctionne en traction animale. Nos poissons viennent pour la plupart de la criée de Cherbourg, nos coquillages de la baie de Saint-Brieuc et nos volailles de chez Fleur Godart. Côté vins, on est allé sur le terrain voir Jo Landron et à Faye-d'Anjou pour ramener un super coteaux du Domaine de Haut Mont".
Puis les assiettes-palettes arrivent, et là, on se dit que Le Pinceau n’est pas pince, notamment avec ce généreux pavé de mulet de ligne, serti de tranches de tomates multicolores au sureau, poivrons marinés et pain grillé. Au diapason avec un blanc ballon de Melonix, muscadet nature de Jo Landron. Dessert ? Les dernières figues de saison, savamment rôties et servies avec un biscuit croquant au sésame, le tout aidé dans la digestion par un petit kawa éthiopien de La Brûlerie de Jourdain. Ce pinceau a la gouache !