Trop rapide, trop impersonnel, trop mondialisé, le XXIe siècle vous oppresse ? Notre ordonnance : un repas au Quincy. Poutres apparentes, rideaux vichy et mobilier rustique, bienvenue dans le fief de Michel Bosshard, dit “Bobosse”, 52 ans de bistrot pour 87 d’existence ! Le gaillard se montre moins truculent que par le passé, mais reste en vigie du ballet des garçons (pas tout jeunes, eux non plus !) gouailleurs et efficaces qui distribuent des classiques carrés de gastronomie hexagonale à une population de darons plus proches de Chicandier que de Pierre Niney.
À peine assis, on vous sert un shot de blanc de blanc et une tranche de saucisson, histoire de commander serein et de vous mettre dans l’ambiance pas hyper végé. Le marathon protéique continue avec une tranche large comme deux doigts d’une splendide terrine maison accompagnée d’une salade de chou à l’ail « comme légume ». L’immense chou farci découpé dans une marmite en cuivre un peu plus petite qu’un évier nous fait de l’œil, mais, raisonnable, on opte pour le classique de la maison, la casserole de blanquette de veau ciselée par le chef Laurent Josefiak. Une suave beauté enveloppée dans son manteau de sauce épaisse et sapide, aux saveurs sous-bois et dégustée sous une photo de Jacques Chirac. Peut-on faire plus rétronomie ?
On ne peut décemment pas manger tout ça avec une eau de régime, mais la cave se montre plus réduite qu’une retraite de millénial. Dans la quinzaine de quilles à la ficelle (et pas nature pour un franc) le côte de Brouilly Château Thivin fait plus que le job. Un café accompagné de gâteaux piochés dans une boite en fer et il faut raquer une addition bien de son temps (mais pas de CB !). Gardez à l’esprit qu’un repas au Quincy coûte bien moins qu’une détox numérique dans le Perche ou des antidépresseurs commandés sur le darweb !