Pour certaines critiques, il est fortement conseillé d’avoir un dictionnaire de synonymes sous le coude tant les superlatifs nous manquent pour exprimer notre satisfaction. En sortant de l’Epi Dupin, on feuillette forcément la page « s », à la recherche du mot « sublime. » Car si on connaît bien François Pasteau, le chef qui confectionne des plats bons pour le climat, sa cuisine nous était encore méconnue. Une bonne occasion de se faire plaisir, sans culpabiliser pour la planète.
Passé la devanture, à deux pas du Bon Marché, on débarque dans un lieu cosy, où les murs en pierre et les poutres blanches rencontrent une bibliothèque de vins : élégant et contemporain. L’ambiance est chaleureuse, ça discute pendant qu’on nous sert de la crème de carotte au gingembre et espuma de persil, en guise de bienvenue. Et si l’appétit vient en mangeant, nous on a carrément la dalle : va pour le menu entrée-plat-dessert (39 € le soir).
Premier round, on commande un risotto de céleri et fricassée d’escargots au cresson. La sauce est onctueuse et le fromage croustillant vient équilibrer le tout. C’est si bon qu’on polit toute l’assiette de notre pain maison, plus besoin de la passer au lave-vaisselle. On s’attaque ensuite au wok de légumes de saison, abondant de fraîcheur et de saveurs, accompagné d’un maquereau en croûte de noisettes, légèrement citronné. Un délice ! On est définitivement acquis à la cause et on n'est pas les seuls : derrière nous, un sexagénaire s’extasie en piquant dans l’assiette de sa femme un peu de fondant de veau au thym. « Qu’est-ce que c’est bon ! Je n’ai jamais mangé un truc pareil ! » On ne dit rien, préférant éviter le cliché de « l’orgasme culinaire », mais on n'en pense pas moins. C’est copieux, on déboutonne discrètement notre jean, avant d’achever le récital. Poire rôtie, tuile croquante et sorbet mascarpone.
Echec et mat, c’est l’heure d’aller se coucher, le sourire béat. Preuve qu’il est facilement possible d’être bon pour le climat et bon dans l’assiette. « SSSplendide » on a dit.