Lino Ventura aurait pu avoir son rond de serviette dans ce bistrot pas nomique pour un franc ouvert en 2016 mais qui a l’air d’avoir toujours été là. Sol en casson, vieux zinc patiné par des lignées de coudes et tables collées serrées prises d’assaut par des Américains en plongée parisienne, on ne vient clairement pas là pour le décor, mais pour la belle cuisine ménagère de Thomas Brachet. Des plats qui vont droit au but, des classiques de bistrot qui claquent et donnent le sourire comme un dialogue d’Audiard.
On commence par des œufs coiffés d’une efficace mayo aux herbes excitée par des dès d’anguille fumée. Puis débarque la star, la saucisse purée. La première est pleine de goût, la seconde pleine de beurre, et l’ensemble cerné d’un puissant jus de viande. Une assiette qui pourrait faire du cinéma et s’impose comme un des plats à goûter une fois dans sa vie de Parisien. On termine ce déjeuner pompidolien par un ramequin de riz au lait et son caramel au beurre salé aussi léger que la conscience écolo des Trente Glorieuses.
Les liquidités sont assurées par Tristan Renoux, fondateur des lieux et sommelier malicieux qui pioche dans les étagères du mur des drôleries (pas données) des cadors du nature : riesling de Vincent Fleith (44 €), montlouis de Frantz Saumon (50 €), savoie domaine des Fables de François Gilles (45 €)…