Pour nous, le meilleur taulier de Paris, c’est lui ! L’attachant Michael Grossman, patron aussi gouailleur qu’habile, fait monter la température dans le joli marché couvert de la rue de Bretagne. Son terrain de jeu, c’est sa cahute à bonnes choses que longe un comptoir vibrionnant d’assiettes saucées à l’os, de touristes sous le charme, de pièces de viande en sursis, de merchandising avisé et d’habitués avinés.
Si vous voulez un repas au ramasse-miettes et un service chuchoté, passez votre chemin : ici, on est dans la pulsation du marché, le régime carnée et l’envoi boxé ! Sinon, venez comme vous êtes (c’est sans résa), calez votre séant sur un tabouret haut, attrapez le serveur au vol et commandez à la diable leurs iconiques moules de Groix barbotant dans une marinière au gorgonzola qui tabassent (20 €) ; de coquins encornets en karaage (20 €) ; une tempura de cervelle savante (30 €) ; un ceviche de sériole impeccable (30 €) ; de glorieuses girolles au jus de viande baptisées au savagnin (38 €)…
Les assiettes canailles tirées à quatre épingles du chef japonais Shunta Suzuki régalent autant qu’elles tarifent. Car oui, ces enfantillages valent leur pesant de PIB mais c’est là leur juste prix, en qualité, quantité et kiffité (juste un truc, on trouve que ça manque un peu de légumes). Et pour les vins, tel Mélenchon évoquant la République, Michael pourrait dire “La carte des vins, c’est moi !” en nous servant un assemblage catalan (6,50 € le verre) ou un lance-grenaches roussillonnais gros calibre (60 € la bouteille)… Voici un turbo-bouclard qui affole les comptoirs !