Pour qui ? Un(e) ami(e) que l’anémie guette.
Plat culte ? La noix d’entrecôte vintage sélect (29 € les 280g), servie avec de bonnes frites et une sauce au choix
Je lui avais donné rendez-vous chez Ammad, et bien sûr, c’était fermé quand il s’est pointé. Mais Arnaud Rebotini n’est pas du genre rancunier. Et surtout, il n’est pas veggie. 13h, il fait faim, j’enrôle le seul mec à taper un costard noir par 33°C comme cobaye. Mission : tester ce discret resto à viande, ouvert récemment aux Abbesses. Le pitch : du bœuf cuit sur un gril en pierre de lave. Son tartare-salade ? “En règle”, “pas trop de câpres, c’est bien” commente-t-il, très pro. Je goûte et acquiesce, la légende de la techno me pique une frite. Suis moins convaincue en revanche par ma picanha (aiguillette de rumsteck) sauce chimichurri, certes saignante mais très tiède. Vite, un vin.
Douze rouges, quatre blancs, deux rosés, trois champ’. Vite-vu pour la carte, 100% vinif conventionnelle. Le ballon de rouge, Cuvée Conviction 2016, du Château Chenaie (5,50 €) ? Un Faugères bien trop ensuqué, rond patapon jusqu’à l’ennui. On tombe d’accord : le viognier-chardo — même année, même prix — du Domaine de Gourgazaud est bien meilleur (un blanc sec, frais et fleuri).
Un jeune homme s’arrête, s’excuse de nous interrompre : “je vous ai tellement adoré à ce festival”. Puis repart. “C’est l’effet César", rigole Arnaud (il a reçu le César 2018 de la meilleure musique originale pour 120 battements par minute, de Robin Campillo, NDLR). "Les gens pensaient que j’étais un dur à cuire, mais j’ai chialé comme une midinette quand on m'a remis le prix. Depuis ils n’ont plus peur de m’aborder. Ils savent qu’au fond je suis un gros nounours”. On embraye sur son prochain album en prépa (motus !), sa passion pour le pif nature —le bonhomme a bon goût. A la fin, on a droit à l’alcool du patron. C’est sûr, il a du bon, l’effet César !