Les Papilles

C’est écrit en toutes lettres sur la devanture jaune pétante dressée à quelques pas du Jardin du Luxembourg : Bistroy Les Papilles. Autant dire que la couleur est annoncée d’emblée, ici, on ne s’embarrasse pas de ronds-de-jambes et la politique de la maison est claire : foncer dans le buffet et régaler sans chichis une clientèle de bons vivants éclairés.

Il faut dire que ce bistrot à vins mâtiné de table d’hôtes à la bistrote solide est une des adresses les plus réjouissantes du quartier. Dans un décor à l’ancienne, coincé entre un long bar de zinc fatigué et des étagères de bouteilles à n’en plus finir, revivifié par un carrelage aussi pétaradant que la vitrine, se rassemble midi et soir une foule de voisins et de gourmands forts en gueule aux appétits bien balancés.

Tous se pressent pour se soumettre avec plaisir au menu du marché imposé à 33 € (entrée, plat, fromage et dessert) qui fait la part belle aux plats de ménage solides, aux desserts rustiques et aux vins de caractère. Ils peuvent aussi se laisser aller à piocher dans une courte carte tout aussi alléchante : charcuteries made in Camdeborde (le frère) servies généreusement, boudins blancs et noirs, escargots en persillade grésillante, brandade, ris de veau… Et une purée d’anthologie montée à l’huile d’olive et à la mousse de lait, comme une caresse enfantine. Côté vin, on fait son choix sur les étagères et moyennant un droit de bouchon de 7 € ajouté au prix caviste, on se régale, entre autres, d’un Morgon de Lapierre ou d’un Vacqueyras Roucas Toumba.

Aucun doute, ce caboulot mené de main de maître par Bertrand Bluy, toulousain, ancien deuxième ligne de rugby, a du caractère à revendre et du talent sous la fourchette. Essai transformé !