« Se balader sur l’avenue [de Choisy], le cœur ouvert à l’inconnu… » Il est 13h30, vous êtes perdu en plein Chinatown parisien, affamé. Partout autour de vous, des enseignes qui étalent leurs noms dorés, qui vantent leurs spécialités chinoises, vietnamiennes, thaïlandaises ou, bien souvent, les trois à la fois. Vous avez la tête qui tourne et l’estomac qui crie « porc laqué ». Un conseil, si vous en êtes là : filez au numéro 39, chez Li Ka Fo.
Quelques canards bien ragoûtants sont suspendus en vitrine, comme pour appâter le chaland. « Quel accueil », vous dites-vous en poussant la porte de cette modeste cantine cantonaise. Vos voisins de table, des familles ou des grands-mères chinoises, sont attablés devant des portions gargantuesques. Vous êtes rassuré. En plus, ça a l’air bon. La carte qui déroule plusieurs dizaines de plats commence avec les suggestions du chef, une panoplie de mets que les néophytes ne pourront s’empêcher de trouver curieux : intestins de porc sautés au choux, langues de canard au gingembre, marmite de pieds de porc et de Saint-Jacques...
Malheureusement, ce midi-là, vous n’étiez pas téméraire et le menu fut un poil monomaniaque. Des brioches vapeur au porc laqué pour commencer (un des en-cas favoris de Sangoku au passage, mais passons, justement). Et puisqu’à Paris, il est difficile d’en trouver de bonnes, celles-ci – parfaites, quoiqu'un peu déstructurées – laissent présager du meilleur pour la suite. D’un côté, des nouilles sautées, croustillantes, au porc laqué et leur sauce épaisse, agrémentées de liserons d’eau légèrement aillés. De l’autre, du porc laqué et son jus sucré/salé, tout simplement accompagné de riz blanc.
Menu monomaniaque, certes, mais sans faute. Tout était délicieux, parfumé, pas trop gras et largement servi (vous demandez même à emporter ce que vous n’avez pas pu finir). Maintenant, il ne vous reste plus qu’à revenir (plusieurs fois) pour goûter aux autres plats de la carte, comme cette salade de méduses qui, paraît-il, est excellente.