Pour qui ? Les becs de palace
Plat culte ? La langoustine juste rôtie, courgettes violons, truffes d’été et noisettes torréfiées, à faire péter les mélioratifs
S’aventurer dans un restaurant chinois peut comporter sa part de risque. Celle de tomber sur une déco terriblement cliché pour Occidentaux en mal d’exotisme, lampions et dragons kitsch sur les murs ; ou celle de s’enfiler des nems fadasses au contenu aussi douteux qu’un porno alternatif quimpérois. Balayons tout ça : ici, nous sommes au Lili, le restaurant chinois embastillé au fond du Peninsula, l’un des derniers établissements sur la shortlist des palaces parisiens. Comprenez : un decorum qui se veut forcément grandiose et luxuriant façon opéra chinois (laque, lustre et compagnie). Et une cuisine qui promet « le meilleur de la gastronomie cantonaise à Paris ». Rien que ça.
Pour vérifier leurs dires, on décide de se pointer le premier jeudi du mois, jour où le resto sort l’artillerie lourde avec son menu quatre étoiles à quatre mains. D’un côté, Peter Ma, toqué en chef du Lili et débauché spécialement de Chine, et de l’autre Christophe Raoux, à la tête des fourneaux du Peninsula (et accessoirement meilleur ouvrier de France 2015). Si on aurait pu redouter des assiettes qui poussent à fond le curseur du spectaculaire, on est très vite rassuré : le menu-choré en cinq temps mise avant tout sur le raffinement en faisant valser subtilement les deux mondes. Parmi eux : le plat de langoustine juste rôtie, courgettes violons, truffes d’été et noisettes torréfiées à faire péter les mélioratifs ; le délicat filet de bœuf simmental sauté, basilic thaï, palets de légumes en aigre doux, petits pois, girolles et sauce aux haricots noirs ; et le mangue passion, biscuit à la noix de coco et fine feuille au chocolat, craquante à souhait.
Le tout servi par un personnel digne d’un palace, c’est à dire au garde à vous et aux petits soins sans pour autant tomber dans les sourires faux-cul robotiques. Finalement, on ne trouvera qu’un seul bémol, le prix exubérant : comptez 188 € par tête sans boisson. Eh oui, la vie de palace a un prix… Courage, camarades !