Sous des apparences de bar à vin so 2020 (pifs nature, pierres grattées, taulier à bonnet et moustache), le Lissit – diminutif d’Alexis Lissitzky, patron/sommelier gouailleur passé par Soces – cache un enthousiasmant « bar-restaurant » à l’âme ancienne où s’enchaînent des brillants classiques qui pourraient jouer dans un Maigret de Delannoy. Merci qui ? Merci Claire Grumellon, qui officie en solitaire dans la petite cuisine où elle prépare ses caillettes ardéchoises, ses pâtés en croûte ou ses tripes à la romaine.
Aussi modeste que talentueuse, celle qui avait réveillé le Vaillant délivre avec une précision de métronome des assiettes de bistrot techniques et gourmandes : œufs et hareng à la mayo subtile montée à l’huile du poisson en intro, avant un dodu quartier de chou farci barbotant dans un jus dont on fait les poèmes, à saucer jusqu’à la dernière goutte avec du pain au levain de la Fermentation Générale.
Difficile après ça de retourner vers les « petites assiettes » des autres barav qui servent une betterave coupée en huit. En dessert, la « tarte fine choco liégeois » s’avère être une replète mousse au chocolat chapeautée de chantilly et de caramel dans un ramequin en feuille de brick – et un parfait antidote sucré aux angoisses de l’époque. En liquide, Alexis pioche dans une petite carte 100 % nature voyageuse (à partir de 31 €) : muscadet Raz Coast de Romain Petiteau, Petit Carlania de Jordi Miró et Sònia Gomà-Camps à Tarragone, voire un vermouth de Barcelone pour finir la soirée. De quoi faire de Lissit la meilleure surprise de ce début 2025.