Dans cette rue de la Convention moins busy qu’une réu du PC à Neuilly, il faut avoir été correctement rencardé pour remarquer cette étroite cantine avec ses deux tables en terrasse. Sous l’aspect d’un énième snack libanais se cache en fait une enseigne mythique qui se targue d’être « le premier shawarma » au Liban, présent dès 1933 (quand même !) dans le quartier arménien de Bourj Hammoud, à Beyrouth.
Quelques fast-food faux pas font trébucher la version parisienne : taboulé au persil à peine taillé, houmous beigeasse peu engageant et man’ouchés au zaatar en rupture de stock. Heureusement, on peut toujours se rabattre sur quelques amuse-bouche, dont de croustillants sambousseks au fromage, kebbés et chaussons aux épinards.
Mais le lieu mise tout sur sa broche, avec une assiette shawarma poulet ou bœuf pensée pour un Emirati en rupture de jeûne : à l’œil, 200 grammes de barbaque juteuse en fines lamelles, débordant allègrement sur les autres compartiments d’un plateau en plastoc – crème d’ail à se faire appeler Woody Haleine, frites moelleuses et petite verdure pour la forme. En dessert, sus au flan à la fleur d’oranger, à moins d’en avoir encore assez sous la pédale pour saucer son laban ayran avec un baklawa bien feuilleté. Le tout pour moins d’un billet bleu, et un cran de plus à la ceinture.