Comme Tic et Tac ou les chasseurs et le pastis, on pensait toujours trouver mắm avec nước. Mais on apprend ici que le mắm représente en fait le nom générique des sauces au poisson qui parfument tous les plats vietnamiens du nord au sud, et peut donc tout à fait s’employer seul. Pour ancrer leur cuisine dans la tradition de la mère patrie, la famille Tran Luu a donc choisi ce petit nom qui en dit long. Dans leur cantine proprette (mur terracotta, bois sombre), ils proposent une gastronomie du Vietnam populaire boostée par des ingrédients rudement bien sourcés (sauce premium, viande française, riz champion du monde), mais ralentie par une organisation en cuisine parfois chaotique. Il faut avoir la patience du bonze avant de baguetter à boulotter.
La carte tient sur le verso d'une A4 : un bo bun et un phở (déclinés en version végé), une assiette de porc caramélisé, et puis c’est tout. En entrée, on se laisse tenter par un nem au format XXL moins crousti que son cousin lilliputien habituel mais à la garniture viande et champis ultra généreuse.
Surtout, on mange ici un des tout meilleurs phở de Paris : un bouillon hyper parfumé, pas trop gras (juste assez pour être réconfortant) dans lequel barbotent de fondantes tranches de bavette d’aloyau et de plat-de-côtes. On sèche le bol sans sourciller ! A faire couler avec une bière Saigon ou, pour faire encore plus typique, un café frappé à la crème de coco.