Pour qui ? Ceux qui se fichent du décor, pourvu que l’assiette soit bonne
Plat culte ? Le poisson grillé aux piments; les oreilles de cochon épicées; les aubergines (yuxiang qiezi)
Surprise ! L’adresse historique des Trois Royaumes n’est plus*. Un petit nouveau a investi les murs du 42 rue Richer en catimini, début décembre dernier. Ça s’appelle « Manger à la maison » (pas vraiment la meilleure idée pour sortir du lot sur Google !) et ça joue dans le registre popote familiale ravigotante et bien épicée… Aux fourneaux : l’ancien chef de l'ambassade de Chine en France. Passons vite sur la déco (pierre grise tristoune, lierre en train de décéder dans un pot au mur). L’essentiel, comme souvent, est dans l’assiette.
A la carte, prosaïquement intitulée « bouffe » (p. 2), que choper ? Des petits rectangles finement émincés d’oreilles de cochon, bien cartilagineuses (scrunch scrunch ! sous la dent), baignant avec des tranches de concombre frais dans une sauce pimentée (9,90 €). Rassurez-vous, comme souvent, au moment de prendre la commande, le serveur vous demandera quel niveau de piment vous pouvez supporter (faites pas les malins !) Bon point aussi pour les yuxiang qiezi (9,80 €), autre grand classique sichuanais. Les aubergines sont bien fondantes et goûtues (xièxiè le porc haché, l’ail, la sauce soja…) mais pas très pimentées pour le coup, comme le veut la recette d’origine.
Côté poiscaille ? Posé sur son petit réchaud, un bar entier passé au four, nageant dans une mare rougeoyante de laquelle émergent champignons noirs, pousses de haricots mungos, épis de maïs, fenouil, carottes (légumes archi-frais)… Tout ça bien relevé avec piment et poivre sichuanais de qualité (28,80 € pour deux personnes). Conseil d’ami : pour éteindre l’incendie, faites l’impasse sur les vins (pas terribles) et rabattez-vous sur la grande binouze Tsingtao (5 €), l’Evian ou la San Pe (3 € la grande bouteille). Ou ces petites brioches chinoises servies en dessert, à trempoter dans du lait sucré (4,80 € les cinq pièces).
*Remballez vos Kleenex : l’enseigne sichuanaise conserve son autre cantine (25 rue d’Enghien, 10e)