La file d’attente qui s’allonge un soir de semaine devant ce restaurant parisien 100 % végétarien nous intrigue. Les Soulèvements de la Terre ont-ils été nommés au ministère de la restauration ? La hype de ce Maslow, installé non pas à Pyramides (dommage) mais sur le quai en face du palais de justice, semble surtout portée par une communication efficace sur Insta où se téléscopent mots-clés qui claquent – bio, local, bien-être salarial, low impact – et photos de plats ultra-gourmands qui feraient même saliver Fabien Roussel.
Première constatation, le lieu déboîte. Une méga-terrasse un peu bruyante mais impériale au coucher du soleil, une salle orange et blanche, vaste comme les promesses environnementales non tenues de nos gouvernements. Pour sustenter l’écoterroriste qui sommeille en nous, le chef Mehdi Favri, ancien consultant, opte pour des assiettes à partager à prix tenus (entre 5 et 12 €). Malheureusement, en cuisine, comme en politique, les bonnes intentions ne suffisent pas toujours. Le chou snacké manque d’un assaisonnement pour le sortir de sa torpeur grassouillette et les boulettes de champignons se montrent bien fades (heureusement, la sauce tomate les réveille un peu). Les pommes allumettes, craquantes comme il se doit, font le job. Les desserts permettent de relever la tête : convaincantes fraises chapeautées de crème fouettée et d’amandes craquantes ; plaisant mille-feuilles orientalisant à la pâte filo et à la pistache.
On lutte contre le dessèchement avec des cocktails finauds comme ce Luthor, un Negroni au gin infusé au foin (12 €) ou des quilles évidemment bio mais pas trop punks : muscadet de La Tour Gallus (40 €) ; languedoc Poteau Rouge du domaine Alternative Bis (29 €)… Avec ces mêmes engagements mais plus de cuisine, Maslow ferait un bon candidat pour l’avenir des restos.