Pour qui ? Vos potos qui vivent (ou turbinent) dans ce coin de Saint-Lazare
Plat culte ? La terrine de cochon et foie de volaille
Jean-Baptiste, Thomas et Giulian, trio malin et même pas trentenaire, nous rejouent une énième version des Copains d’abord ! Démerdes, les zigues ont repimpé eux-mêmes l'ex-karaoké mochasse pour accoucher d’un bistrot pas radin en supplément d'âme. Résultat ? Il a de la gueule, leur bébé : tables 50’s dépareillées, chaises d’écolier, vieille balance de marché et poulie de marin… Sans oublier – surprise surprise – cette antique Spaziale qu’ils ont trouvée dans la cave et retapée, pour mieux nous faire kiffer le kawa de compète (Brûlerie de Belleville).
Au piano, Giulian, un ancien de la très solide Maison Bréguet (Paris), également passé par le Trianon Palace (Versailles), trouve en Emile, ex-toque du coolos Fréquence, le parfait accord. Une partition archi-bien trackée ! Ce midi-là, démarrage pied au plancher avec de fraîches asperges blanches délicatement rôties, liées à un œuf mimosa ligérien (sauce mousseline de mère-grand, avec blancs montés en neige) : l’impression de croquer un nuage (8 €). Brassens en fond, on s’enquille canaille une terrine de cochon et foie de volaille dans les règles de lard, franche de goût, exemplaire, boostée par des pickles d’oignons et carottes (7 €). Puis un ballon de beaujolais 2018 (Château Grand Pré), bonbon à la fraise hautement addictif (7 €).
Petits cris extatiques sur le plat principal, une volaille de Challans baignant dans son jus (17 €), sublimée par un magique poivre de Sarawak (épices Nomie). Là encore, de la technique (cuite en crapaudine à 63 degrés, ligaments ôtés à la pince à épiler…). Et puis cette orgie de légumes (merci Valdemar Barreira, la relève du mythique Joël Thiébault) : baby carottes violettes rôties, feuilles d’épinards vapeur...
Belle sincérité dans l’assiette et le lieu, service sympa mais pas faux cul, prix tenus en laisse (formule déj à 21 €, menu à 26 €)… Franchement ? Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas senti une telle justesse. On en ressort avec un sourire béat. Après tout, n’est-ce pas la meilleure définition d’un bon resto ? Ressortir mieux que lorsqu’on était entré… De quoi en faire profiter tous ses potes (pièce privatisable à l'étage, 25 personnes).