Pour qui ? Les nostalgiques de l’île, qui cherchent une adresse valable à Paris.
Plat culte ? Des busiate, longues pâtes typiques de la région de Trapani, aux palourdes et asperges vertes (21 €).
O madonna mia ! ("Bonne mère !", comme on dit là-bas). Il semblerait que la timide vague sicilienne, amorcée en 2001 par Giuseppe Messina (Les Amis de Messina, Non Solo Cucina…) puis Cédric Casanova (La Tête dans les Olives) déferle pour de bon sur la capitale. Déjà à la tête de l’épicerie fine Rusidda et de la Massara (pizzeria sise pile en face de la Norma), le couple franco-sicilien Francesco Lombardo et Amélie Michel de Chabannes remet le couvert avec ce spacieux resto à terrasse, abritant en son cœur un pastificio (atelier de pâtes fraîches).
Mon cobaye du jour ? Une Italienne qui vient, elle, du nord de la Botte (c’est pas sa faute). Et kiffe tout autant que moi cette fine friture de petits calamars, qu’on s’envoie direct en entrée, avec mayo maison et citron (15 €). Buonissimo ! La carte a tendance à polariser du côté des deux grandes villes de l’île, Palerme et Catane, où est née la fameuse pasta alla norma : sauce tomate à l'ail, aubergines frites, ricotta salée et basilic (14,50 €). Laquelle se défend bien.
Mais prendre le bateau à Trapani direction Favignana vaut tout autant le coup : casarecce au thon rouge et pesto de pistache sicilienne (19,50 €) et délicieuses busiate, ces sortes de longs macaronis entortillés sur eux-mêmes, aux palourdes et crème d’asperges vertes (21 €). De bons produits, y a pas à dire. Gros pouce en l'air pour les pâtes, à base de blés durs anciens endémiques (plus digestes)… Même si elles manquaient clairement de sel ce midi-là : faut goûter les plats avant d’envoyer, chef !
Pour conclure ? Un cannolo siciliano déstructuré, explosé en morceaux dans l’assiette et fourré à la ricotta pure – zéro sucre donc, hérésie pour une pâtisserie sicilienne ! –, très déstabilisant (8,50 €). Et pour la soif : ce (di)vin cataratto 2015 conduit en biodynamie de main de maître par le vigneron-poète Francesco Guccione (54 € la bouteille tout de même). Le genre de flacon que le commissaire Montalbano n’aurait pas rechigné à dégainer. Spéciale dédicace à Andrea Camilleri !