Pianoterra, dans la langue de Pino D'Angiò, ça signifie « rez-de-chaussée ». Alors certes, le restaurant Pianoterra se trouve effectivement au ras de la rue Popincourt, mais reconnaissons que cette super adresse mérite une description avec un peu plus de hauteur. D’abord, c’est beau. La déco, mi-moderne minimale (livres d’urbanisme, béton ciré, fresque au Posca sur miroirs piqués) mi-kitsch assumé (vieilles porcelaines chinées, Formica céladon), proposée par le duo d’archi du cabinet LAN (patrons du resto, ils ont leurs bureaux au-dessus), offre une ambiance de cantine loftisante carrément classe.
En embuscade derrière le comptoir en marbre de sa cuisine ouverte, Rosa Vanina Pavone mitraille des assiettes italiennes, fraîches comme une acqua alta et cuisinée avec ce que la cheffe a trouvé chez les commerçants du coin le matin même. Ce midi, la formule (27 €) commence par réconforter le chaland avec un câlin de velouté de pomme de terre qui enserre une crème de butternut coiffée de petites olives taggiasche, puis de solides lasagnes végétariennes à la puissante pâte au sarrasin garnies de choux et de sauge. On fait glisser cette recette venue de la vallée de la Valteline avec un vivace soave du domaine Menti Giovanni (8 €) pioché dans la courte carte 100 % transalpine : blanc fiano de Campanie (52 €) ou rouge croatina des Abruzzes (40 €).
Cette chouette parenthèse italienne se referme avec un gâteau à la poire tout en moelleux caché sous un éboulis d’amandes, et un expresso millimétré comme il se doit. A noter qu’il existe un plat hors formule (ce jour-là des rigatonis au bœuf braisé, 23 €) servi dans une soupière si toute la table le prend, pour un déj comme chez la mamma.