Pour qui ? Un col blanc sorti du taf, qui a envie de s'ambiancer en plein 7e
Plat culte ? 24 € les 12 creuses du Morbihan (qui ont convaincu jusqu’aux restos voisins)
Presqu’Île c’était, au départ, des petits triporteurs qui venaient fournir en huîtres et gravlax les événements privés de la capitale. Et ambiancer les terrasses avec leur Radio Presqu'île, cabanes mobiles à DJ. Gros succès, qui a poussé les deux assoces à faire souffler un puissant vent marin sur un mini-comptoir (une douzaine de places assises en tout, terrassette comprise) dans le très sage et très sérieux quartier Varenne. Un comptoir, précision importante, sans cuisine : tout est ouvert et assaisonné minute, sur fond de Neil Young.
La carte est aussi serrée que le lieu : fraîchissimes huîtres (entre 24 et 42 € la douzaine) et bulots (9 € les dix), tarama corail d’oursin de chez Kaviari en forme de caresse pour le palais (12 €) ; rillettes de haddock de chez JC David (12 €) apportent du vice et le gravlax de lieu jaune (12 €) de la noblesse et de la distinction à la petite palette qui vous sert d’assiette. Cerise sur la Saint-Jacques, le mono-dessert, un cake citron pavot fondant-craquant, au glaçage délicat, qui clôt parfaitement les débats (3 €).
Tout cela serait parfait sans deux bémols. Primo, le service est souriant, mais un peu flou sur l’origine des produits : les huîtres viennent « de Bretagne » et le muscadet (6 € le verre, honnête mais discret) « pas de Bretagne » -on n’en saura pas plus. Leur site Web nous apprendra que les bivalves sont élevés et affinés dans le Morbihan au sein des chantiers Jaouen, là où Eric Tabarly faisait construire ses Pen Duick. Deuxio, la carte est 100% iodée, c’est le principe mais aussi la limite : pas d’accompagnement, pas de végétal pour souffler (on nous en promet pour le printemps et la fin de la saison des huîtres). Du coup, et c’est un peu dommage, la satiété arrive en même temps que l’écœurement. Trop de cru tue, quand même, un peu le cru.