Qui aurait pu soupçonner que notre ami Houssine, fan de rap, de reportages gonzo et de Roland Barthes était aussi un adepte des cantines japonaises branchées d’Opéra ?
Bon, en réalité, c’est surtout des sobas, fines pâtes à la farine de sarrasin, dont il raffole : le concept même de Sara où il nous emmène déjeuner. Dans ce lieu très minimaliste (murs gris brut, cuisine ouverte, comptoir où les chefs japonais en tenue s’activent et carte quasi-monomaniaque), les sobas sont reines. Au poulet, au tofu, au beignet de gambas, en soupe chaude, froides à tremper dans une sauce froide, froides à tremper dans une sauce chaude ou à arroser avec une sauce froide… Subtil !
Subtilité, qui nous fait d’ailleurs un peu défaut au moment où nos nouilles froides au yuzu arrivent accompagnées d’un délicieux bouillon (chaud) au poulet et que, pris de panique, nous versons tout dans le même bol tandis que, de son côté, notre ami lutte avec ses baguettes et, vaincu, finit par demander à la serveuse une fourchette (humiliation ultime dans un restaurant japonais). Malgré notre manque de style, qui tranche cruellement avec celui nos voisines américaines, on apprécie, c’est très bon, parfumé, raffiné et réconfortant mais – cadre oblige – pas franchement donné (environ 16 € le plat).
A la carte aussi, pour les clients non amateurs de sobas, qui auraient échoué ici par hasard, quelques autres plats japonais : donburi (viande ou légumes sur du riz), teriyaki ou tonkatsu (porc pané). Et en dessert ? Uniquement de la glace maison sésame ou au matcha (6 € la boule.) Eh oui, les obsessions culinaires ont parfois un prix.