Quand on demande sa tarte d’identité à un Alsacien, il brandit une flammekueche – littéralement tarte flambée –, fine pâte rectangulaire couverte de crème, d’oignon et de lardons. Décidés à redonner ses consonnes de noblesse à cette pizza du Grand Est, le très cool Raoul, plus gros mangeur de knacks – les saucisses de Strasbourg – de la fête de la bière de Schiltigheim 2014, et ses potes ont ouvert ce néo-winstub, le barav alsacien, tout en poutres apparentes, dessins de Tomi Ungerer aux murs et mobilier bistrot derrière une jolie vitrine à lettrage doré.
Ils raniment la flamme(kueche) pour ce brise-faim grassouillet avec un sourcing scrupuleux et des déclinaisons réussies : la classique augmentée de munster fermier, la tomme-ail-ciboulette, la fromage frais-amandes-miel ou la pomme-cannelle flambée au Cointreau (9-13 €)… En attendant qu’elles sortent du four, on peut commencer à s’entraîner pour Schiltigheim 2023 avec une authentique knack condimentée de raifort et moutarde et flanquée d’un bretzel au sel (5 €).
Pour s’irriguer le haut et le bas rein, une belle offre de bières artisanales de petits producteurs : la pils Licorne, la Hoppy Lager, une blonde basse fermentation, la Cuivrée des Marais, brune et acidulée (3,50-4,50 € le demi)… Tout ça en plus des vin naturels de là-bas, détendus du blanc (5 € le verre), carrément crémant (7 €) ou plus confidentiel comme ce pinot noir de Charles Frey (45 € la bouteille). Et en deuxième partie de soirée, Raoul sort la gnôle de la distillerie Hagmeyer. Idéal pour un anniv arrosé ou un date pas fâché avec la crème, histoire de se faire des schmoutz (“bisous” en alsacien).