Sélune, voyage au bout de l’ennui ? Certainement pas ! Notre amour pour les calembours ne va pas jusqu’au mensonge éhonté. Car ce chaleureux restaurant (mur de pierres grattées, parquet blond et chaises scandinaves à barreaux) s’impose comme une réconfortante halte avec une formule ciselée pour les déjeuneurs (25 € la totale). Autodidacte, venue du mime (!), la cheffe Bérangère Fagart, passée par Top Chef, affiche un parcours plus méandreux que le cours de la Sélune, petite rivière de sa Normandie natale. Ici, elle ne bistronomise ni ne tapasse : elle cuisine doctement d’inclusives finesses ancrées dans la saison. A l’ardoise, trois entrées, trois plats, trois desserts, avec à chaque fois une proposition végétarienne.
Ce midi de fin d’automne, on ouvre avec un réconfortant satin de velouté de topinambours aux notes de café où pécher des tronçons de hareng fumé, puis une assiette où des tranches fondantes de filet mignon et de patates douces batifolent sur une purée de panais fouettés d’un gel de clémentine. Ceux qui renâclent à manger des animaux décédés piochent dans un généreux bol de riz parfumé aux amandes, épinards et courge rôtie. En conclusion maline, une crème brûlée twistée à l’orange.
Un repas tout en tenue épaulé par une carte des vins évidemment nature : verre de languedoc blanc L’Ors Gorjalis de Pierre & Antonin (7 €), ardèche rouge A Toi Nous d’Andrea Calek (39 €)… Le soir, la carte monte en gamme : Saint-Jacques de Granville et shiitakés fumés au pin, gnocchis de potimarron et crème de conté.