Pour qui ? Ceux qui veulent se marrer (et faire chauffer la CB)
Plat culte ? Lors de notre passage, la joue et queue de bœuf confites, champignons, topinambour et polenta au parmesan (28 €)
Il y a des restos qui valent avant tout pour la vibe qu’ils dégagent. Chez Shabour, plus que les plats (chiches, brouillons, chèrement facturés), c’est le lieu (sublime), le service (exceptionnel) et l’ambiance (survoltée) qu’on retient. Un comptoir-table en marbre n’ouvrant que le soir, où 28 happy few, éclairés à la bougie, viennent se montrer, draguer, rigoler, chanter.
Lors de notre passage, les plats co-signés à huit mains par Assaf Granit, Uri Navon, Dan Yosha et Tomer Lanzman s'avèrent bancals trois fois sur quatre. Un chef exécutif râpe une noix de muscade – épice killer number one, à manier avec une précision de démineur – sur notre bout de bœuf wagyu. Impossible du coup de savourer pleinement la bidoche (à 46 € l’assiette, ça fait mal). Et trop de saveurs tue la saveur. Pareil pour la « carotte » servie en entrée (18 € !) : un tzimme (ragoût sucré ashkénaze, à base de carottes, raisins secs, radis, oignon), pimpé d'œufs de saumon et poutargue, avec un œuf mollet délicatement cuit dans une eau infusée au thé noir et gingembre... Mais hélas noyé sous une crème de tahini bien trop présente.
A sauver de la carte ? Servies grand prince dans une porcelaine de Limoges, avec argenterie Christofle : la joue et la queue de bœuf confites, flanquées d’une maigre pincée de champignons, topinambour en déco, deux cuillères à soupe de polenta au parmesan (28 €). Et puis cette mousse choco, huile d’olive, sel de Maldon… Divine mais absolument hors de prix au vu du coût des matières premières (et du boulot nécessaire) : 14 € ! Attention, les portions sont petites : en tout, comptez 100 boules par personne. En hébreu, shabour se traduit par « cassé »… Et il n'y a pas à dire, on l'a cassée, la tirelire.