Parfois, l’apparente sobriété d’une adresse contraste avec l’ampleur de la claque dans l’écuelle. Prenez Sushi B et ses faux airs de lounge VIP, avec son comptoir en marbre, ses murs gris béton, sa playlist jazz pensée pour un ascenseur et son accueil chuchoté. Impassible derrière son comptoir autour duquel huit convives s’attablent, baguettes aux aguets, Isao Horai a la lourde tâche de prendre la relève du légendaire Masayoshi Hanada, parti en solo dans le 8e.
C’est chose faite avec un menu sushi à 85 €, formidable symphonie nipponne aux notes toujours justes. De notre passage on retiendra ces trois langoureuses bouchées tendues par le maître (exquis cube de tofu fondant au sésame grillé et touche de wasabi râpé ; suaves encornets enlaçant un raisin blanc et adorable fagot de pak choï vapeur, recouverts d’une larme de sauce au miso blanc et fleurs de shiso), cette délicate sériole au radis blanc, ciboulette et œufs de poisson. Sans oublier l’incontournable escadron de huit sushis préparé minute (barbue, encornet-yuzu, trio de thon…), le duo de makis thon-caviar ou cette astucieuse omelette sucrée-salée censée vous faire glisser vers un dessert en deux temps. A savoir une glace au riz soufflé et sauce soja sucrée caramélisée, suivie d’un dispensable chou fourré à la crème de thé matcha.
Un menu délicat et réussi donc, irrigué d’une courte mais solide sélection de sakés, parmi lesquels un Hakkaisan Awa pétillant (18 € les 10 cl) et une carte des vins aux prix inversement proportionnels à son intérêt.