Suite au tragique décès de son créateur Shunei Kimura en juin 2022, cette adresse, qui aura affolé les nippophiles parigots des mois durant, reprend du service sous l’égide de Chizuko Kimura, sa veuve, et de la fine lame Takeshi Morooka, ex de Ginza Onodera. Dans un écrin géométrique de bois blond aux allures de sauna scandinave (dessiné par Sala Hars et Vorbot) se déploie un comptoir pour neuf paires de fesses, face au chef, dans la plus pure tradition du sushi edomae (on vous prévient, c’est pas donné).
Après un rapide toilettage à l’oshibori (serviette humide) dans un silence de cathédrale, et avant que les langues soient déliées aux vapeurs de saké, on admire la dextérité et la précision chirurgicale employées pour envoyer les neuf nigiris : sériole, maquereau, crevette crue, thon, thon gras, anguille, saumon mariné… Précédés de quelques entrées qui nous auront laissés bouche bée comme cet éclatant maki de thon et radis à la sauce ponzu, ces morceaux de bonite marinés dans une sauce sucrée-salée à la texture magistrale, sashimis de sériole et vrai wasabi râpé minute, ou encore ce homard bleu, gelée de dashi et caviar…
Et pour finir, une gracile glace à la noisette et thé houjicha (venue de la Manufacture Alain Ducasse). Un menu somptueux à partir de 180 € qui convole avec un junmaï ginjo Modern Kamenoo (14 € le verre) sélectionné par Madame Saké. Longue (nouvelle) vie à Sushi Shunei !