L’Afrique va-t-elle (enfin) gagner ses galons d’influenceuse de la gastronomie mondiale ? Après Mory Sacko qui brille en hybridant le terroir sénégalo-malien parental à sa passion pour le Japon, voilà Pierre Siewe, formé chez Camdeborde, qui enrichit la gastronomie française des épices et ingrédients de son Cameroun natal. Postée dans le si peu bigarré 7e arrondissement, sa première élégante adresse, baptisée du nom de la capitale camerounaise du poivre mêle teinte latérite et tapisseries pop. Le menu propose une palanquée de formules depuis le plat du jour (25 €) au menu dégustation en six temps (95 €).
Mais ce midi-là, accueilli par un tutoiement étonnant pour une adresse nettement gastronomique, on préfère piocher nos assiettes à la carte (pas donnée) où les ingrédients exotiques sont indiqués en gras : début en fanfare avec un délicat chou-fleur rôti à la sauce arachide réchauffée d’une pointe de harissa et de pickles de radis. On en aurait mangé le double ! Puis arrive le poulpe grillé et nappé de sauce mbongo noire comme l’ébène, déjà une vedette d’Insta. La cuisson se montre impeccable mais on garde de cette assiette un sentiment mitigé. Les épices du mbongo (un mélange de graines brûlées) écrasent trop le goût subtil de la pieuvre et le café celui de la mousseline de panais qui l’accompagne. Dommage.
Le dessert remonte le moral dans le floral : une poire pochée caressée par une crème pâtissière à l’hibiscus et rafraîchie par un sorbet à la bergamote. L’offre de vins bio se montre resserrée mais cohérente : anjou rouge château de Bois Brinçon (56 €) ou riesling du domaine Ginglinger (66 €). Au final, les petits soucis de précisions mis à part, voilà une table très originale qui vaut le coup d’aller affronter la terra incognita d’Ecole Militaire.