Et de trois ! Après les hôtels Amour et Grand Amour, c'est au tour du petit dernier, alangui pénard face à son aîné, de servir le festin à l'heure du dîner. A première vue, la formule reste peu ou prou la même : une déco – réussie – qui pousse à fond le curseur de la branchitude (tons pastels roses, verts et bleus, affiche de Chris Marker et de Damien Hirst sur les murs), une ambiance à la coule en veux-tu en voilà (serveuses en jean-tatoos et 33 tours dans les bacs) et des modeux qui papotent à table pour hausser un peu plus le niveau sonore. Comme d’hab, quoi.
En réalité, le lieu rompt avec sa carte deux fois par semaine et se mue en Takaramono en hébergeant Trésor Food. La clique, cornaquée par le chef Alexandre Arnal (ex-Verre Volé, Chassagnette), nous sert une popote nippo-camarguaise à partager à plusieurs façon tapas. Et le combo est parfait. Ce soir-là, les œufs mimozabi (6 €) jouent la carte du frugal quand les super couteaux en persillade (8 €) se dégustent avec les doigts en flux tendu, que la burrata et ses tomates (16 €) semblent encore se dorer au soleil et que le donburi de canette rouge (26 €), fabuleux avec sa cuisson parfaite, fait parfaitement la transition entre culture japonaise et méditerranéenne, sans se faire hara-kiri.
Pour se rincer la glotte, quelques sakés bien sentis comme ce Masumi Kipuku (9 €) minéral et floral et ces vins tricolores en blanc, rosé ou rouge. De quoi vous donner un peu de courage avant de dragouiller en fin de soirée au bar. Bien qu’on vous rappelle, au cas où, que tout ceci se déroule rue de la Fidélité…